Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 7.djvu/607

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soient des fonctions quelconques de On peut vérifier, en effet, qu’elles s’accordent avec les équations connues du mouvement dans une colonne d’air dont les couches ont des vitesses et éprouvent des variations de densité qui ne sont pas supposées très-petites. Dans le cas des déplacements très-petits, diffère très-peu de et, en réduisant le facteur à l’unité dans le second membre de l’équation (1), elle devient l’équation de la propagation du son dans un tuyau cylindrique.

2. Pour déterminer simultanément les mouvements du gaz, du boulet et du canon, il faudra joindre à l’équation (1) celles du mouvement de ces deux derniers corps. On supposera que l’action du gaz sur l’un et sur l’autre s’exerce dans une étendue égale à la section intérieure du canon, dont l’aire sera en désignant par son rayon. Si donc on appelle la masse du boulet et celle du canon, y compris l’affût qu’il entraîne avec lui ; si de plus on représente par et et ce que deviennent et relativement aux deux couches extrêmes du gaz, les équations du mouvement du boulet et du canon seront

Les valeurs de et se déduiront de celle de du numéro précédent, en y mettant et à la place de et, en les substituant dans ces équations, nous aurons

(2)

Je compterai les distances et à partir de la position initiale de la culasse ; alors et se déduiront de et en y faisant et, si l’on représente par la longueur de la charge, et se déduiront de et en y faisant

On admet généralement qu’à l’origine du mouvement les vitesses du boulet et du canon sont nulles ou infiniment petites. C’est aussi ce que Lagrange suppose pour ces deux vitesses initiales et pour celle de la poudre réduite en gaz. Toutefois il ne serait pas impossible que, quand la masse entière du boulet commence à se mouvoir, son centre de gravité eût déjà reçu une vitesse de grandeur finie, et même une très-grande vitesse. En effet, quelque dure que soit la matière du boulet, la pression de la poudre commence d’abord par comprimer un tant soit peu sa partie postérieure ; une partie ad\sqrt{a}cette se comprime ensuite, puis une autre, et de proche en proche le mouvement parvient à la partie antérieure. Cette propagation du mouvement a lieu dans une très-petite fraction de seconde, que l’on peut évaluer à cent-millièmes, par exemple, en supposant la vitesse du son dans la matière du boulet sextuple de celle du son dans l’air, et prenant décimètre pour le calibre. Or, pendant cet intervalle de temps, le centre de gravité du projectile reçoit la même vitesse que si la pression y était immédiatement appliquée et que sa masse entière y fût concentrée ; par conséquent, lorsque cette masse enti\delta r e commencera à se déplacer, le centre du boulet aura déjà acquis une vitesse de grandeur finie. L’effet de la pression, pendant ce temps extrêmement court, est ce qu’on appelle un choc ou une percussion, c’est-à-dire une quantité de mouvement imprimée presque instantanément, et sans que le mobile se soit sensiblementdéplacé. La ques-