Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/139

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qu’elle devait se maintenir jusqu’à la disparition de l’Université elle-même. Quoiqu’on en ait dit, ses cadres étaient encore bien étroits, non seulement au regard des développements que la science médicale avait déjà pris au xviiie siècle, mais aussi par rapport à de puissantes rivales, auxquelles on ne pouvait manquer de la comparer. Elle ne rencontra pas d’ailleurs, dans cette dernière période de son existence, tous les concours sur lesquels elle semblait pouvoir compter. La municipalité se désintéressa de sa prospérité ; les états du Comtat, jaloux peut-être d’Avignon, non seulement refusèrent de contribuer à ses dépenses, mais raillèrent plus d’une fois ses efforts et se plurent à souligner cruellement son infériorité vis-à-vis de la Faculté de Montpellier[1]. Et le Collège des docteurs en droit, son protecteur naturel, sans renoncer à l’ombrageuse tutelle qu’il fait peser sur une Faculté éternellement traitée en mineure, l’abandonna trop souvent à ses propres forces. Réduits à ne compter que sur eux-mêmes, les médecins, cherchèrent au moins à s’émanciper. Ils y parvinrent enfin — ou à peu près, — en 1784 et dès lors purent disposer librement de leurs chaires, qui toutes les trois devinrent triennales. Mais la Faculté ne pouvait déjà plus trouver dans cette indépendance relative la source d’une véritable prospérité.

Bien qu’un enseignement théologique existât dès longtemps à Avignon et que la fondation de la Faculté de théologie n’ait été guère postérieure que d’un siècle à celle de l’Université elle-même[2], le rôle de cette Faculté resta tou-

  1. Le 13 mars 1711, en protestant contre la donation du jardin de Champfleury et en refusant de contribuer à des dépenses pour l’Université (Laval, l. c., p. 268). Aix avait trois professeurs, Montpellier, huit ; Perpignan, six ; Toulouse, cinq, avec une école de chirurgie qui à elle seule comptait six chaires. (V. Liard, L’Enseignement supérieur en France, t. I, p. 12 et suiv.)
  2. On sait qu’en 1227, le cardinal légat Roman, qui était chargé d’organiser