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Avignon par la Compagnie de Jésus dès l’année 1564, s’était restreint pendant trente ans à l’enseignement de la grammaire et des humanités. Mais en 1594, croyant leur situation menacée en France, à cause du triomphe définitif de Henri IV, les Jésuites résolurent de transférer à Avignon les cours de théologie précédemment établis dans leur collège de Lyon. Ces cours furent confiés d’abord à deux professeurs seulement. On leur adjoignit plus tard un professeur de morale et un professeur d’Écriture Sainte. Chargé de l’enseignement de la morale, le célèbre Père Coton, futur confesseur de Henri IV, vit accourir autour de sa chaire un si grand nombre d’étudiants, de prêtres, de docteurs en droit et de magistrats qu’aucune salle ne se trouva assez grande pour contenir tant d’auditeurs et qu’il dut faire sa classe dans l’église de la maison[1].

Longtemps, les archevêques d’Avignon accordèrent aux pères Jésuites une grande faveur, s’associant à leur propagande, les chargeant même de missions de confiance, conférences ou prédications. Quant à l’enseignement de la théologie et de la philosophie, il demeura sans conteste leur partage. Il fallut, pour modifier cet état de choses, l’élévation au siège archiépiscopal, en 1648, d’un religieux dominicain, M. de Marinis, lequel se montre bientôt jaloux d’accroître l’influence de son ordre et d’assurer la propagation des doctrines de saint Thomas.

On sait d’ailleurs, — et il serait inutile d’y insister ici, — les profondes divergences de doctrines et les rivalités d’influence, qui partout mettaient aux prises les disciples de saint Dominique et ceux d’Ignace de Loyola. À Avignon, les dominicains, membres de la Faculté de théologie, mais rarement appelés au décanat restaient confinés dans leur couvent. M. de Marinis

  1. V. Chossat, Les Jésuites et leurs œuvres à Avignon, p. 99.