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Cependant des modifications importantes se produisirent, à cette époque, dans la confrérie des étudiants. Au xvie siècle, s’était fondée à Avignon une autre confrérie, celle des clercs assistants des notaires et procureurs près les cours de justice, qu’on appela la Basoche[1]. Son chef, qualifié d’abbé, était annuel, comme le recteur de Saint-Sébastien. C’était une sorte d’abbé de la jeunesse ou de chef des plaisirs, comme on en rencontre sous l’ancien régime, à la tête d’une foule de corporations : il devait organiser les fêtes et mascarades alors si nombreuses et pour subvenir aux frais qu’elles entraînaient, il percevait sur les communautés juives du Comtat, une imposition annuelle de six écus d’or. Il levait également sur les filles publiques un droit de « batacule », dont celles-ci pouvaient se racheter moyennant une somme de cent livres, transformée ensuite en un impôt d’un écu par contribuable. Mais ces ressources étaient insuffisantes et souvent l’abbé de la Basoche, bientôt appelé abbé des étudiants, dut combler le déficit de ses deniers. Aussi cette dignité était-elle peu convoitée.

Souvent, pour l’organisation de leurs fêtes, on vit la Basoche et la confrérie de Saint-Sébastien s’unir et mettre en commun leurs ressources. Peu à peu l’union devint plus étroite et l’on en vint à élire le même jour le recteur de Saint-Sébastien et l’abbé des étudiants. Le titre même de recteur finit par disparaître et seul celui d’abbé des étudiants persista ; dès la fin du xviie siècle, il n’est plus question que de l’abbé[2].

    cinq ou deux écoliers seulement. Certains textes paraissent réserver ce privilège aux seuls étudiants en droit ; en réalité, il ne leur est pas spécial. L’abbé jouissait d’un droit particulier. Ord. du vice-légat des 9 juillet 1651, 8 juill. 1660, 27 avril 1661, du 1er juill. 1664, du 7 avril 1691, des 24 janv. 1694 et 3 mai 1699. — Ord. de M. de Rochechouart du 1er juill. 1768. (A. V. D 136, fos 5, 99, 113, 143 ; D 138, fo 70 ; D 35, fo 26.)

  1. V. sur ce sujet P. Achard. Les chefs des plaisirs, dans l’Annuaire de Vaucluse, 1869, p. 37 et 45.
  2. En 1658, 1659, 1660, on élit en même temps un recteur et un abbé des étudiants, celui-ci n’ayant que le deuxième rang. (A. V. D 136, fos 77, 89, 99.)