Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/280

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l’Université d’Avignon, rappeler celles qu’elle-même fit subir à l’Université d’Orange ? En vérité, l’acharnement de nos docteurs contre leurs voisins orangeais n’était pas tout à fait sans excuse. Était-ce une université véritable que celle qu’ils combattaient ? Dès 1475, le pape Sixte IV déclarait qu’il n’existait pas, à Orange, de studium generale[1] ; et ce studium d’ordre inférieur, les guerres du xvie siècle lui portèrent bientôt un coup, dont il faillit ne se point relever ; il n’eut pendant cent ans qu’une existence intermittente et c’est en 1718 seulement qu’on entreprit de le réformer[2]. Au xviie siècle, l’Université d’Orange n’avait pas de cours réguliers, ses grades étaient avilis  ; — les docteurs « à la fleur d’Orange » étaient légendaires, — enfin, elle était soupçonnée d’hérésie. Cependant le roi Louis XIII, par un édit de 1634[3], avait ordonné que tous les docteurs et gradués d’Orange seraient reçus avocats postulants en tous ses parlements, comme ceux des Universités françaises, et grâce à cette tolérance, que Louis XIV devait d’ailleurs révoquer en 1708, l’Université d’Orange était devenue l’égale de celle d’Avignon. Bien plus, des docteurs orangeais prétendaient être immatriculés à Avignon ; on voyait des étudiants avignonais, des religieux même, aller se faire graduer dans cette Université « monstrueuse[4] » et des théologiens,

  1. Bulle de Sixte IV du 5 juin 1475. A. V. D 25 ; Laval, 28 ; Fournier, 1367. L’Université d’Orange avait été fondée en 1365.
  2. V. P. Achard, l’Université d’Orange. Fermée en 1562, cette Université rouvrit ses portes en 1583 ; mais bientôt elle suspendit de nouveau ses cours pour ne les reprendre qu’en 1607.
  3. Lettres patentes données à Chantilly, le 5 août 1634. — Louis XIV, qui s’était emparé de la principauté d’Orange, défend par un arrêt donné à Fontainebleau le 23 août 1708, de recevoir parmi les avocats de ses cours, les gradués d’une Université, qui ne s’était pas encore conformée aux règlements de celles du royaume et où l’on conférait les degrés de droit civil et canonique sans assujétir les étudiants à aucun temps d’études, sans exiger qu’ils soutinssent aucun acte public, enfin, sans les obliger à autre chose qu’à subir un léger examen.
  4. Le mot est du cardinal Grimaldi écrivant au R. P. Icard, inquisiteur général à Avignon, au sujet des docteurs de l’Université d’Orange. « C’est un scandale