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agrégés d’Avignon, se rendre à Orange pour participer à ses examens[1].

En vue d’arrêter pareils scandales, l’Université d’Avignon juge tous les moyens légitimes. Déjà, sur sa demande, le pape Alexandre VII a déclaré que ses sujets d’Avignon et du Comtat gradués de la « prétendue université d’Orange » ne jouiraient pas dans la province des privilèges attachés à leurs titres[2]. Un peu plus tard, en 1671, elle va jusqu’à solliciter contre sa rivale un arrêt du parlement d’Aix, car, dit-elle, à Orange, non seulement il n’y a point d’étude générale, mais ladite Université prétendue est composée en grande partie d’huguenots et même a été réprouvée par lettres patentes du

    que des religieux aient la témérité de prendre le degré de docteur dans une université monstrueuse comme celle d’Orange » (5 déc. 1671) A. V. D 25.

  1. Un accord conclu entre l’Université d’Avignon et celle d’Orange, le 23 mai 1667, portait que cette dernière Université ne délivrerait plus de grades « à ceux d’Avignon ni du Comtat et que ceux déjà docteurs viendraient se présenter au primicier et aux quatre régents et seraient examinés par eux in privatis ». Cette transaction ne paraît pas avoir été exécutée. Le 1er juillet 1671, le Collège délibère de rayer de la matricule un docteur in utroque jure d’Orange qui s’était fait immatriculer par surprise. Le même jour, il fait inhibitions de se dire docteurs en théologie à deux religieux Augustins d’Avignon, Jérôme Crozet et Joseph de Parette, qui, ayant été refusés au doctorat à Avignon, sont allés à Orange et y ont pris le grade de docteur en théologie des mains du R. P. André Puy, prieur de leur couvent. Sur la plainte de l’Université, adressée au prieur général, celui-ci commet l’affaire au Prieur provincial qui, le 2 octobre 1671, annule les deux doctorats. Quant au P. Puy, menacé des censures, il demande son absolution au vice-légat et l’obtient ; mais le Collège le prive de voix active et passive et de tous ses droits comme agrégé en théologie, pendant un an. Une enquête est ordonnée sur les docteurs d’Orange ; ceux qui auront été matricules avant le bref et l’accord, seront reçus conformément à la délibération du 23 mai 1667 ; aux autres l’exercice de leur profession sera interdit. Délib. du 4 nov. 1671. A. V. D 30, fo 246.
  2. Délib. du Collège des docteurs du 10 fév. 1667. Le primicier dit qu’il a présenté un mémoire au Saint-Père pour empêcher que des personnes du Comtat aillent passer docteurs à Orange. — Délib. du 27 avril. On a obtenu un bref d’Alexandre VII disant que les docteurs de l’Université d’Orange ne pourront être censés docteurs, ni en avoir les prérogatives dans le Comtat. Ce bref a coûté 25 écus. A. V. D 30, fos 194 et 195. Le bref est du 26 mars 1667.