Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/283

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Les démêlés, dont on vient de lire le récit abrégé, ont montré l’Université d’Avignon recourant volontiers au roi de France comme à son juge et à son protecteur naturels. Cette attitude, les chefs du studium la gardèrent pendant près de deux cents ans. Leur fut-elle dictée par l’intérêt ou par le sentiment ? Par l’un et par l’autre sans doute, mais surtout, je pense, par l’intérêt. Car si les habitants d’Avignon et du Comtat, tout en restant fidèles au pape, leur souverain légitime, s’estimaient à demi français, l’Université, où les idées ultra-montaines étaient si fort en honneur, ne songeait guère, en recherchant la faveur du roi de France qu’à assurer à ses gradués l’accès des bénéfices et des fonctions, dont ce monarque disposait.

C’est donc l’assimilation entre ses bacheliers, licenciés et docteurs et ceux des Universités du royaume qu’elle poursuit sans cesse à travers les obstacles que lui suscite et les pièges que lui tend la jalousie des Facultés rivales, d’Aix, de Montpellier ou d’ailleurs. Pour atteindre son but, il n’est aucun sacrifice qu’elle ne consente. Elle accepte sans hésiter et d’avance tous les règlements français sur les études juridiques ou médicales[1] ; elle déclare ne vouloir rien faire que sous l’autorité du roi pour ce qui regarde les grades, « qu’elle donne tous les jours à beaucoup de Français[2] ». C’est à peine si elle réserve les matières où sont intéressées la foi catho-

  1. Délib. du 3 août 1669. Le roi fait connaître qu’il donnera un règlement général pour les Universités et pour ôter les abus qui s’y font et il a prié le vice-légat d’en faire un pareil pour l’Université d’Avignon. Le vice-légat prend là-dessus l’avis du Collège. On accepte d’avance ce règlement, afin de jouir des privilèges accordés aux Universités françaises. Une attestation en forme sera envoyée au vice-légat, qui la remettra au nonce apostolique à Paris. A. V. D 30, fo 220.
  2. Mémoire remis au nom de l’Université d’Avignon aux commissaires chargés d’examiner un projet de lettres patentes pour cette Université, en 1685. A. V. D 31, fo 177.