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roi Charles VIII, en 1485[1]. Ensuite, pour purger le Comtat des docteurs d’Orange qui pourraient le souiller, elle ordonne une enquête, après laquelle quelques doctorats sont annulés. Enfin, elle obtient de Louis XIV la révocation de l’édit de 1634.

Ces mesures rigoureuses frappent à mort l’Université d’Orange. En vain essaie-t-on, en 1718, de la galvaniser par d’opportunes réformes et, en 1725, de la réhabiliter aux yeux du Saint-Père, en proscrivant de son sein les hérétiques. Elle décline de plus en plus. D’autant plus vite que tout le monde s’acharne contre elle. Comme Avignon, Valence dénonce ses abus. Le Parlement de Toulouse interdit, en 1741, à ses gradués l’accès des cours royales. En 1765, le parlement de Grenoble demande sa suppression[2] ; depuis longtemps le roi la traitait en étrangère. Avignon pouvait s’applaudir de ses efforts : son triomphe était complet.

  1. Délib. du 4 nov. 1671. A. V. D 30, fo 246.
  2. Délib. de l’Université d’Orange du 1er juin 1718 adoptant de nouveaux statuts en 47 articles. — Délib. du 25 août 1734 ordonnant que, conformément à la déclaration royale du 24 mars de la même année, l’Université exclurait désormais de son sein les non-catholiques et ne leur délivrerait aucun grade. On imposa même aux gradués un serment de condamnation des doctrines jansénistes. — Arrêt du Parlement de Toulouse du 22 juin 1741 interdisant d’admettre au serment d’avocat les licenciés d’Orange. — Mémoire du Parlement de Grenoble au roi pour lui demander rétablissement d’une Université à Grenoble et la suppression des universités d’Orange et de Valence. — Délib. du Collège des docteurs d’Avignon enregistrant une lettre de M. de Pontchartrain, chancelier, à M. de Baville, intendant du Languedoc, au sujet des gradués d’Orange, laquelle déclare que ces gradués devaient être considérés comme venant d’une Université étrangère et qu’il faut prendre toutes sortes de précautions pour arrêter un aussi grand abus que celui de recevoir avocats dans les Parlements et autres sièges du royaume des gradués d’une Université comme celle d’Orange, où il n’y a ni étude, ni leçon publique (13 oct. 1702). A. V. D 32, fo 175. — Lettre du recteur de l’Université de Valence au sujet de celle d’Orange disant que les abus que l’on commet dans cette dernière Université sont à la dernière période. Les professeurs n’y font aucune leçon, ni autres exercices académiques ; les légistes n’y paraissent qu’une seule fois pour prendre les huit inscriptions requises pour le baccalauréat et ensuite en font de même pour la licence (5 mai 1736). A. V. D 159.