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En résumé, l’Université était mise à même, conjointement avec le Clergé, de contrôler les finances municipales et par elles l’administration entière de la ville. Emprunts et impôts, dépenses, travaux publics, adjudications et traités, nomination des officiers, rien de ce qui constitue la vie municipale n’échappait à ses députés. Seules les affaires relatives aux corps de métiers — qui ne l’intéressaient pas directement, — étaient traitées sans leur concours. Il est peu d’exemples, croyons-nous, sous l’ancien régime, de municipalités aussi limitées dans leur action et « blessées », comme on disait, dans leur indépendance par les prérogatives d’un corps, somme toute, aussi peu nombreux que celui des docteurs d’Avignon et représentant des intérêts si particuliers.

Quoi qu’il en soit, les règlements de 1706 rétablirent, ou à peu près, le bon accord entre l’Université et le Conseil de Ville. Les docteurs choisirent soigneusement, chaque année, parmi les membres « les plus irréprochables » de la bourgeoisie, voire de la noblesse de robe, leur « député à l’entrée du vin[1] ». Leur vigilance en matière d’administration municipale fut rarement prise en défaut ; mais ils éprouvèrent encore quelques déboires. En 1750, par exemple, une ordonnance du vice-légat décida, contrairement à la coutume, que les consuls, au lieu d’être élus par le Conseil entier, le seraient chacun par la « main » ou ordre, auquel il devait appartenir. Les docteurs « qui ne pouvaient aspirer à la première main » dédaignèrent de voter avec la seconde et désormais ne donnèrent plus leur suffrage pour l’élection dont il s’agit[2]. Puis,

  1. Délib. du Collège des docteurs des 3 oct. 1708, 9 oct. 1710, 7 oct. 1718, 14 oct. 1719, 9 oct. 1724. A. V. D 32, fos 250, 280 ; D 33, fos 6, 25 ; D 33, fo 98. — En 1723, à la suite de la peste, l’impôt sur les gabelles fut augmenté de moitié ; celui que payait le vin, d’un quart (délib. du 19 fév. 1723). A. V. D 33, fo 72.
  2. Délib. du 21 juin 1750. A. V. D 34, fo 133. — On sait quelle était la constitu-