Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/323

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ou quarante dans ses dernières années ; et quant au chiffre de ses gradués, — lequel dépasse parfois la centaine, — loin de le trouver modeste, on est tenté plutôt de croire qu’il fut toujours excessif.

Que cette vitalité relative ne nous fasse d’ailleurs pas illusion. Pareille, quant à son organisation et à ses cadres, aux Universités du royaume, l’Université d’Avignon offrait les mêmes lacunes et souffrait des mêmes vices. Restée tout « ultramontaine », aurait-elle trouvé dans un plus étroit attachement au Saint-Siège, — qui l’abandonnait de plus en plus à elle-même, — un principe de force et de régénération ? Question oiseuse apparemment et qui sort du cadre de cette étude. En tous cas, en se modelant sur les Universités françaises, l’Université d’Avignon obéissait à une tendance irrésistible et à la logique de l’histoire. Le discrédit où tomba, au xviiie siècle, le gouvernement pontifical, ne pouvait que hâter cette évolution.

On a dépeint[1], en un brillant tableau, la misère devenue irrémédiable, à cette époque, des vieilles corporations enseignantes, leur lamentable installation matérielle, leurs budgets si difficilement équilibrés, — à moins qu’une extraordinaire distribution de diplômes ne vint combler le déficit, — le médiocre recrutement des professeurs, par-dessus tout le divorce de plus en plus accusé qui séparait la science de l’enseignement. Tous les traits de cette peinture s’appliquent à l’Université d’Avignon. La philosophie scolastique, pieusement enseignée par les fils de saint Dominique, ignorait tout le mouvement scientifique du siècle, même Leibnitz et Newton. À la Faculté de médecine, on pratiquait depuis longtemps l’usage des cliniques, mais combien rares et insuffisantes ! À la Faculté de droit, on n’enseignait, outre la jurisprudence française, que le

  1. V. Liard, L’Enseignement supérieur en France, t. I, ch. I et II.