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naise pouvait attendre de ses chefs. On sait qu’au début de l’année 1789, au moment où l’ouverture prochaine des États généraux suscitait tant d’espérances et faisait éclore tant de projets hardis ou aventureux, quelques Universités françaises tentèrent de se réformer à leur tour. Reims et Poitiers, par exemple, songèrent à un congrès de docteurs, députés par leurs Universités respectives, qui rédigeraient un nouveau « plan d’éducation nationale ». Les vingt-une Universités royales furent conviées à ce congrès. En sa qualité de régnicole, l’Université d’Avignon reçut les circulaires et les examina avec déférence. Mais sa réponse fut un véritable aveu d’impuissance et comme un abandon de soi-même et de sa personnalité. Le Collège des agrégés entreprendrait volontiers, disait-il, une étude de cette grave question, mais il lui fallait un programme et un guide. Au reste, les États généraux, prochainement réunis, ne voudraient-ils pas pourvoir à cet objet ? Sans doute, une commission prise dans leur sein statuerait sur cette réforme et sur l’amélioration de la discipline scolaire. En tous cas, l’Université d’Avignon se mettrait à l’unisson des Universités françaises, étant elle-même régnicole[1].

Ce fut, si l’on peut dire, son dernier mot. Il marque la tendance à laquelle notre Université obéissait depuis deux siècles et résume son histoire. Sans oublier des traditions glorieuses et une origine illustre entre toutes, c’est d’une union de plus en plus intime avec la France qu’elle attendait sa régénération et son salut. Mais souffrant des mêmes vices et malgré de tardives velléités de réforme, réfractaires, comme celle d’Avi-

  1. A. V. D 161. Lettre du recteur de l’Université de Poitiers aux primicier et docteurs de l’Université d’Avignon, 24 février 1789. — Réponse du primicier à la date du 4 avril. — Les registres des délibérations sont muets au sujet de la communication que le primicier dit avoir faite au Collège ; le chef de l’Université ne consulta probablement qu’une de ces assemblées particulières dont l’usage, on l’a vu, était fréquent.