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et que la corporation affirme son indépendance jusque dans la rédaction des lettres de maîtrise. Ces innovations que la Faculté combattait en 1697, elle s’y résigne quelques années plus tard. Bien plus, elle fait une place à la chirurgie dans son enseignement par la création d’un démonstrateur anatomique et admet les chirurgiens dans son amphithéâtre[1]. Ajoutons que, devenus puissants à leur tour, les chirurgiens proscrivent sans pitié les étrangers et les charlatans auxquels ils interdisent toute opération[2], s’efforçant de faire régner dans leur compagnie cet ordre, cette décence, cette dignité dont les médecins s’étaient toujours montrés si jaloux et qu’à la veille même de la Révolution, ils s’efforçaient encore de maintenir au besoin par des exclusions nécessaires[3].

Les docteurs et étudiants d’Avignon jouissaient, comme ceux des autres Universités, de privilèges fort étendus que leur avaient garantis un grand nombre de bulles et brefs pontificaux[4]. Quelques-uns de ces privilèges avaient, avec le temps, perdu beaucoup de leur importance ou même étaient à

    lement le 18 août 1759. Art. 2, 3 et suiv. L’art. 23 indique que chaque année les maîtres chirurgiens et barbiers éliront, à la pluralité des voix, un docteur en médecine ou un maître chirurgien pour leur montrer l’anatomie et opérations chirurgicales.

  1. Nomination de M. Jacques Bonhomme fils pour faire des démonstrations sur les cadavres. 19 mars 1745. A. V. D 33, fo 460. Il enseignera gratis, mais sera invité au repas qu’offre chaque nouvel agrégé et recevra les boîtes de dragées accoutumées.
  2. Statuts précités. Art. 16.
  3. La Faculté refuse, en 1789, à un nommé Jean Lambert, maître ès arts et bachelier d’Avignon, le grade de licence et doctorat pour avoir fait à Beaucaire acte de charlatan en débitant des drogues qu’il affirmait guérir à peu près tous les maux. A. V. D 35, fos 326 à 328.
  4. La Bulle de Boniface VIII du 1er juill. 1303 concède à l’Université d’Avignon tous les privilèges accordés aux autres studia : la bulle d’Urbain V du 26 mars 1367 confirme ces privilèges. A. V. D 2 ; Fournier, 1244, 1250 ; Laval, 1, 4. La Bulle de Jean XXIII du 6 sept. 1413 accorde aux docteurs d’Avignon les privilèges dont jouissent les Universités de Toulouse et de Paris. A. V. D 2 ; Fournier, 1290 ; Laval, 11, etc.