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logie nomme son doyen qui est aussi son seul professeur. Plus tard, quand deux chaires nouvelles sont créées dans cette Faculté, le choix des maîtres réservé à l’autorité ecclésiastique est soumis à la ratification du Collège ou du primicier. Et de même pour le régent de la Faculté des arts. Quant à la Faculté de médecine, c’est le Collège qui, jusqu’en 1784, nomme son premier professeur. Aucune de ces Facultés n’a d’ailleurs de locaux à elle, ni de budget spécial. Et peut-être faut-il chercher dans l’étroite subordination où elles furent tenues la raison de l’obscurité où elles vécurent si longtemps.

Ajoutons que la surveillance des docteurs s’exerce aussi sur ces établissements annexes de l’Université qu’on appelait autrefois des Collèges et où quelques étudiants pauvres trouvaient le gîte et le couvert, à charge d’étudier le droit, la théologie, voire la médecine. Longtemps l’action des autorités universitaires sur ces « hospices » fut réelle et efficace. Le primicier et les délégués du Collège des docteurs en droit s’assuraient par des inspections régulières que nul n’avait été reçu collégiat sans remplir les conditions requises, que les règlements intérieurs étaient observés et les intentions des fondateurs respectées. Mais dès le début du xviiie siècle, l’autorité ecclésiastique a mis la main sur les Collèges et les a même parfois détournés de leur destination primitive. S’il ne nie pas ouvertement les droits des docteurs, il en empêche l’exercice. Le primicier lutte longtemps, puis se décourage ; son intervention devient plus rare, plus discrète et plus molle : c’est que les empiétements dont il se plaint, on les approuve en haut lieu et que dans les conflits soulevés à ce propos, l’Université n’est pas souvent restée victorieuse[1].

Du moins en ce qui concerne ses intérêts particuliers et

  1. Voir plus loin, livre II, ch. IV.