montra de l’initiative, mais doublée de prudence ; et nul officier plus laborieux, plus attentif. Boisdeffre se félicitait de l’avoir choisi. Les ministres successifs de la Guerre, Zurlinden, puis Cavaignac et Billot, le tinrent en haute estime. Il fut promu lieutenant-colonel, le plus jeune de l’armée[1].
Pour ses collaborateurs, il n’avait, semblait-il, qu’à s’en louer. Lauth, intelligent, instruit, montrait beaucoup d’entrain ; bien que brusque de paroles, il témoignait une amicale déférence à son chef. Henry professait toujours le même zèle ; le dévouement faisait partie de sa politique. Picquart, sans cesser de le croire « un brave homme[2] », le trouva pourtant, à l’user, maladroit, d’une instruction par trop rudimentaire, impropre aux affaires importantes, qu’il gâtait, sans qu’on sût pourquoi. Il avait la tradition, et toutes les pires habitudes, du bureau ; il s’étonna quand Picquart refusa de faire usage d’un lot de faux plans de mobilisation qu’il avait en réserve dans une armoire. Junck, un peu mou, mais de bonne volonté ; Valdant, très utile par sa connaissance de l’italien, s’acquittaient correctement de leur tâche. Gribelin, soigneux, donnait, lui aussi, l’impression « d’un parfait honnête homme[3] » d’un caractère loyal et droit[4]. Picquart se flattait « d’avoir de tous la plus grande satisfaction[5] ».
Comme aucun de ces officiers (ni lui-même) ne con-
- ↑ 6 avril 1896.
- ↑ Cass., II, 162, Picquart : « Henry est un brave homme. »
- ↑ Procès Zola, I, 328, Picquart.
- ↑ Instr. Fabre, 236, lettre de Picquart à Gribelin du 4 janvier 1897.
- ↑ Ibid., 237, lettre à Henry du 7 février 1897.
dans le plancher des appareils microphoniques (Rennes, I, 553, Gonse) et commanda à l’ingénieur de Poligny un appareil photographique instantané. (Instr. Fabre, 88, Picquart.)