Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Lauth se mit à la besogne, longue et fastidieuse[1]. Dans l’un des cornets, il ne tarda pas à trouver, parmi beaucoup d’autres fragments, ceux d’une de ces cartes-télégrammes qu’on désigne, à Paris, en raison de leur couleur, sous le nom de petits bleus. Il recueillit près de cinquante morceaux de cette carte[2], le plus grand de moins d’un centimètre carré[3], quelques-uns « pas plus gros que l’ongle[4] ». Il les isola, les rangea dans l’ordre indiqué par la concordance des écritures ou des impressions ; puis les recolla « avec un papier transparent coupé en lanières très minces, qui suivaient à peu près les traces des déchirures » et qu’il plaça du côté de l’adresse[5]. Il manquait quelques fragments : presque toute la lisière gommée qui sépare des bords de la carte, le pointillé à jours qui entoure le carré de papier réservé à la correspondance ; un seul mot (que) à la fin de la deuxième ligne. La carte était ainsi conçue :

Côté du texte :

Monsieur,

 J’attends avant tout une explication plus détaillée (que) celle que vous m’avez donnée l’autre jour sur la

    Tavernier : « J’ai toujours eu dans la mémoire la fin d’avril ou le commencement de mai ; je crois, cependant que cette date doit être reportée un peu antérieurement ; le fait saillant auquel on peut rattacher cette date est la maladie et la mort de la mère d’Henry. » (Instr. Tavernier, 23 sept. 1898.) À l’enquête Pellieux et à l’instruction Ravary, Picquart avait indiqué le milieu de mai et la fin d’avril.

  1. Instr. Tavernier, 30 oct. 1898, Lauth : « Le travail était fastidieux et fatigant, de sorte que je mettais généralement plusieurs jours, cinq, six, sept, à épuiser une livraison. »
  2. Une soixantaine, d’après Lauth (Procès Zola, I, 353). Trente-deux d’après Picquart (Rennes, I, 416).
  3. Procès Zola, I, 353, Lauth : « Peut-être le tiers d’un centimètre, un peu plus, pas tout à fait un centimètre carré. »
  4. Ibid., 316, Picquart.
  5. Ibid., 353, 354, Lauth.