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LA DOUBLE BOUCLE


sier secret à qui que ce soit, pour en prendre connaissance, qu’en présence du sous-chef d’État-Major, du chef d’État-Major et de lui-même[1] ».

Quoi ! Henry n’eût pas obéi à Picquart[2], il eût opposé à l’ordre du chef du service les prétendus ordres de l’ancien chef, gâteux, mourant ! Car Henry concède que Picquart ignorait la consigne de Sandherr[3], la consigne du mourant qui enchaînait le vivant.

Non seulement Boisdeffre feindra d’accepter cette fable, mais il la répandra, la fera attester par Lauth[4], par Gribelin[5], par Gonse[6], pour en accabler Picquart qui a profité, dans un coupable dessein, de l’absence d’Henry et d’un oubli de l’archiviste.

XVII

On a vu que Boisdeffre était aux grandes manœuvres quand parurent les révélations de l’Éclair.

Il sait déjà qu’Henry a conservé, malgré un ordre formel, le dossier secret ; a-t-il été long à deviner qui en a divulgué l’existence ?

Aussi bien cette opération hardie n’est qu’une réci-

  1. Procès Zola, I, 217, Henry. — Gonse est rappelé à la barre : « Le Président : Ce que le colonel Henry a dit est bien exact ? — Gonse : Parfaitement. » (218.) — De même, Instr. Fabre, I, 13, Henry.
  2. Procès Zola, I, 217, Henry ; I, 158, Gribelin : « Henry avait mis son paraphe sur l’enveloppe. Il ne voulait pas que l’enveloppe fût ouverte en son absence, pas même par le colonel Picquart. »
  3. Instr. Fabre, 13, Henry.
  4. Ibid., 31, Lauth.
  5. Procès Zola, I, 158, Gribelin.
  6. Ibid., I, 218, Gonse.