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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Ces clichés et ces épreuves montrent déjà une surcharge qui n’est qu’une retouche[1] ; mais ils ne portent trace d’aucun grattage.

Et, encore, il se trompa de bouteille à encre. Le texte et l’adresse du petit bleu avaient été écrits, en effet, avec de l’encre à base de noix de galle, et cette encre se retrouve non seulement dans les parties intactes du petit bleu, mais même dans la pâte du papier, aux endroits où il a été gratté[2]. Or, Henry effectua ses surcharges avec une encre différente, plus noire[3], à base de campêche[4], l’encre même dont Lauth se servait pour ses retouches photographiques[5].

    les moindres notes au crayon ; et je puis affirmer que Lauth ne m’a jamais remis de clichés. »

  1. Lauth, à l’instruction Tavernier, nie qu’il en soit l’auteur : « Êtes-vous bien certain que, pour les besoins de la photographie, aucun mot de ce document et, particulièrement, de l’adresse, n’ait été retouché par vous à l’encre ? — Lauth : J’affirme que je ne l’ai pas retouché ; jamais je n’aurais eu l’idée de retoucher à l’encre un pareil document. » (12 octobre 1898.) De même Junck. — Picquart dit qu’il ne s’est jamais occupé des détails matériels de photographie et qu’il n’a jamais fait cette retouche. (Cass., I, 145, 147 ; Rennes, I, 465.)
  2. Rapport de l’expert chimiste L’Hôte.
  3. Rapport des experts en écriture.
  4. Rapport de l’expert chimiste, conclusions : « 1° L’adresse du petit bleu a été écrite avec de l’encre à base de noix de galle. Les surcharges qu’on observe sur le t (de commandant) et sur l’E et sur l’h (d’Esterhazy) ont été effectuées avec une encre différente, qui est à base de campêche. 2° Le texte du petit bleu a été écrit avec de l’encre à base de noix de galle. Signé : L’Hôte. » — Rennes, I, 446, Picquart : « Je crois que, si les encres avaient été les mêmes, la constatation des experts aurait été moins facile, moins probante. »
  5. L’expert L’Hôte constate que toutes les surcharges, celle de la lettre E qui apparaît déjà sur les clichés, et les autres qui sont postérieures, ont été faites avec la même encre à base de campêche. Il en résulte qu’Henry se servit de l’encre de Lauth. C’est ce que Picquart fait observer à Rennes (I, 465). Rien ne permet de croire que Lauth ait été le complice de cette