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SCHEURER-KESTNER


Mais Constantine est encore trop près ; Picquart y est à peine arrivé que Gonse lui prescrit de partir « pour la Régence, où il va trouver un travail de longue haleine qui demandera beaucoup de tact et la plus grande discrétion, en raison du voisinage ». Et, comme les insignes de L’État-Major que Picquart porte encore seraient de nature à éveiller l’attention des agents secrets (de l’Italie), le ministre, qui pense à tout, l’a affecté « provisoirement au 4e régiment de tirailleurs ». Il pourra « circuler partout et librement » sous cette tenue nouvelle, dont il n’aura pas, d’ailleurs, à supporter la dépense : « Il va de soi que vous toucherez l’indemnité de changement de tenue. » Et Gonse, plus affectueux que jamais, lui souhaite « bonne santé pour son beau voyage[1] ».

Cette question d’argent tient une grande place dans les lettres de Gonse[2]. Le colonel sera couvert de tous ses frais ; ses chevaux lui seront directement expédiés ; le ministre lui-même a décidé de porter son indemnité journalière de dix à vingt francs[3] ; il aura en plus une indemnité spéciale de mille francs[4] ; « si les mouvements qu’il va faire entraînent des frais nouveaux et imprévus », il ne doit pas hésiter à le faire savoir[5]. Il ne s’agit, bien entendu, que de rendre sa mission aussi agréable qu’importante, car il n’en est pas que Billot suive avec plus d’attention[6]. Le ministre va lui

    le mardi 29 décembre pour Philippeville. Vos chevaux pourront vous rejoindre par un paquebot subséquent, si vous le désirez. »

  1. 6 janvier 1897.
  2. Procès Zola, I, 349, Picquart.
  3. 16 janvier 1897.
  4. 30 janvier.
  5. 23 mars.
  6. « Continuez à m’écrire ; le ministre aime bien être au courant. » (16 janvier.)