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SCHEURER-KESTNER


son audace, puisque, récemment encore, Esterhazy a essayé d’entrer au ministère de la Guerre, « par le moyen de son ami Weil, peut-être son complice », et par l’influence du général Saussier ; — comment cette découverte le mena à une autre, plus tragique encore ; que Dreyfus a été condamné pour le crime d’un autre, injustement et illégalement, sur des pièces secrètes qui, depuis, ont été peut-être détruites ; — comment Boisdeffre a « retourné » Billot qui, d’abord, avait admis les preuves dont Picquart l’avait saisi ; — enfin, comment il a été envoyé en Afrique, « dans l’intention évidente de l’éloigner du service des Renseignements[1] ». Il enferma ce récit dans un pli scellé sur lequel il inscrivit ces lignes :

En cas de décès du soussigné, remettre ce pli au Président de la République, qui seul devra en prendre connaissance.

G. Picquart,
Lieutenant-colonel au 4e tirailleurs.

V

Gonse, en récompense de ses services, avait été porté au tableau d’avancement pour le grade de divisionnaire[2]. Henry eût joui enfin de sa victoire, n’étaient les ennuis que lui causait Esterhazy.

Celui-ci n’avait pas été très long à se remettre de sa dernière alerte. Au contraire, son impudence redoubla.

  1. Voir Appendice III.
  2. Il fut promu le 14 juillet suivant (1897).