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LA COLLUSION


l’angle du réservoir des eaux de la Vanne, en face de Montsouris[1].

Gribelin se croyait quitte ; mais Henry lui demanda, comme un service, de venir, lui aussi, à l’entrevue. Il prit l’archiviste par son faible : « Le procès de 1894 nous a causé assez d’ennuis ; il a désorganisé le service ; il faut empêcher une nouvelle affaire. » Il lui exposa ensuite, comme il avait fait la veille à Du Paty, que, connu d’Esterhazy, il devra lui-même se tenir à l’écart ; il fera le guet ; d’autre part, il ne faut pas que Du Paty aille seul : « Il cause trop ; s’il s’emballe, secouez-lui le pardessus. » Gribelin s’inclina ; il dit, pourtant, qu’il aurait préféré aller au feu[2].

VII

Esterhazy, avant de se rendre à Montsouris, se fit conduire, en voiture, chez Schwarzkoppen[3]. L’agent Desvernine le suivit. De la maison d’en face, une surveillance continuelle était exercée sur l’ambassade. Esterhazy dit qu’il le savait fort bien[4]. Il payait d’audace.

Il y avait près d’un an que l’attaché allemand, enfin

  1. Cass., I, 577 ; II, 181, Esterhazy ; Cass., I, 434 ; Rennes, I, 600, Gribelin. — Gribelin donna 5 francs à la concierge (Cass., l, 804, Choinet).
  2. Cass., I, 434, 435 ; Rennes, I, 600, Gribelin. — Selon Cuignet (Cass., I, 347), Henry aurait dit à Gribelin que l’entrevue était voulue par Du Paty et qu’elle était nécessaire pour prévenir un acte désespéré d’Esterhazy, fuite ou suicide.
  3. Cass., I, 733, Desvernine : « Esterhazy s’est fait conduire en fiacre, à l’ambassade, à trois heures de l’après-midi. »
  4. Dép. à Londres, 5 mars 1900.