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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


voilée » ; encore quelques jours et le monde entier va l’identifier avec elle.

Ce détraqué, qui se disait omniscient, était tombé entre les mains de bandits beaucoup plus forts que lui[1].

XXVII

Pendant que se jouait, dans l’ombre, cette comédie, l’article du Figaro faisait grand bruit. Les journalistes se mirent à la recherche de l’officier titré qui y était désigné. L’un d’eux, rédacteur à la Liberté, imprima que c’était un officier d’artillerie démissionnaire, Denis de Rougemont. Vidi avait précisé que le traître était en garnison près de Paris, donc en activité de service. Mais le reporter n’y regardait pas de si près. Il lance un nom, provoque un scandale, fait vendre son journal à quelques milliers d’exemplaires. Il n’a pas perdu sa journée.

Denis de Rougemont était connu de Scheurer, qui avait assisté à son mariage avec la fille du grand chimiste Wurtz.

Scheurer, le soir, lut avec stupeur une manchette de journal ainsi conçue : « Un officier supérieur accusé de trahison par Scheurer-Kestner. » Il adressa aussitôt

  1. Instr. Tavernier, 21 juillet, Du Paty : « Quant à moi, je le répète et déclare sur mon honneur de soldat, que je n’ai remis ni fait remettre sous pli ouvert ou fermé, ni autrement, la photographie du document « ce canaille de D… » à Esterhazy, et que j’ignore quelle est la personne qui a déposé le pli renfermant ce document au cabinet du ministre. »