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L’ENQUÊTE DE PELLIEUX


malles et valises, mais sans en examiner le contenu. On força ensuite la porte de Picquart, au quatrième étage. C’était un logis très modeste, d’un loyer de 700 francs[1], une chambre à coucher, la salle à manger servant de cabinet de travail, une petite cuisine. L’or du Syndicat, Picquart, évidemment, ne l’a pas dépensé pour son habitation. La perquisition dura deux heures. Toutes les armoires furent ouvertes, ainsi que tous les meubles et tiroirs, et tous les papiers saisis, paquetés, emportés. Le commissaire questionna le gérant sur le genre de vie du colonel[2].

Henry, en s’en allant, dit à haute voix, pour être entendu : « Ce que nous avons trouvé ne fait que confirmer ce que nous savions déjà[3]. »

Les papiers furent dépouillés, des travaux particuliers, la correspondance du jeune officier avec sa mère ; on n’y découvrit pas une seule lettre, une seule note suspecte ; Pellieux, avant la fin de la semaine, restituera le tout à Picquart[4]. Donc, encore une fois, Esterhazy a menti. Mais l’effet a été produit sur la galerie. Si la justice militaire n’a pas attendu quelques heures pour

  1. Matin et Intransigeant du 25 novembre 1897.
  2. Tous les journaux signalèrent que le commissaire était accompagné d’un personnage important : « Un officier supérieur appartenant au service des renseignements » (Matin) ; « un délégué du ministère de la Guerre, portant la rosette d’officier de la Légion d’honneur » (Jour) ; « un représentant de l’autorité militaire » (Temps-, etc. Le Petit Journal du 27 le nomma : Henry ; et la Patrie du 27 parut avec ce titre en manchette : « Les recherches du colonel Henry. » La présence d’Henry aux perquisitions chez Picquart fut confirmée, le même jour, par le Figaro. Henry démentit tardivement dans la Patrie du 4 décembre.
  3. Jour, Intransigeant du 26 novembre. La Patrie du 27 reproduit le même propos : « Cet officier, le colonel Henry… »
  4. Note officielle du 29 ; « Les papiers saisis au domicile du lieutenant-colonel Picquart lui ont tous été restitués par le général de Pellieux. » De même, Pellieux (Procès Zola, I, 245).