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L’ENQUÊTE DE PELLIEUX


sauront seulement que le Syndicat des juifs a fabriqué des pièces infâmes, « maquillé » des lettres, pour perdre le brave commandant. Bientôt, les faussaires seront sous la main de la justice ; il n’y aura pas de châtiment trop sévère pour eux[1]. Et Rochefort nomme le faussaire : C’est moi, « le dispensateur des millions du Syndicat, l’inspirateur de Scheurer ». Je suis, au surplus, coutumier du fait. J’ai publié, autrefois, une fausse lettre de Rochefort à Gambetta ; plus tard, j’ai « calligraphié » de faux actes de naissance, avec un policier nommé Dietz, pour établir que Boulanger est le frère d’un assassin ; mais j’avais été démasqué à temps[2].

Les journaux royalistes publièrent, le même jour, un manifeste du duc d’Orléans[3]. Sourd aux conseils de Dufeuille, échauffé par de jeunes seigneurs qui croient l’heure venue pour le prétendant de monter à cheval, il a confié au colonel de Parseval « les révoltes de son cœur » :

L’honneur de l’armée était resté inviolé ; qui donc plus que moi aurait à cœur de le défendre ? Puis-je oublier à quelle hauteur l’avaient placé les rois, mes ancêtres ?… Par suite de quelle étrange et déplorable inertie l’a-t-on laissée exposée à de pareilles épreuves ? Pour moi, s’il plaît à Dieu de me rendre un jour la couronne, j’ose dire que je saurai trouver dans la conscience de mon devoir et de mon droit, et dans la puissance des institutions monarchiques, la force nécessaire de protéger, comme il convient, l’honneur des soldats de la France.

Jusqu’à présent, l’honneur du seul Esterhazy avait été

  1. Libre Parole. Écho de Paris. Éclair, etc.
  2. Intransigeant (antidaté) du 30 novembre 1897.
  3. De Londres, le 26 novembre.