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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


complètement changé. — Oui, on me l’a donnée[1]. » Mais il ne dit pas ce qu’était cette preuve : le faux d’Henry.

Il avait entendu, la veille, Lauth et Henry, dans leurs accusations contre Picquart[2] ; il entendit, les jours suivants, Gribelin, Picquart (pour la troisième fois). Gonse, et Mme de Boulancy qu’il confronta avec Esterhazy[3]. L’archiviste confirma les dires d’Henry et de Lauth. — Gonse expliqua à sa façon ses lettres à Picquart et confirma, à son tour, Lauth, Gribelin et Henry. — Picquart déclara qu’en le faisant espionner par des policiers et attaquer dans les journaux, on cherchait à l’intimider, mais que ce serait en vain. Il répondit, avec beaucoup de netteté et non sans quelque hauteur, aux questions de Pellieux[4] au sujet de Mlle de Comminges à qui Guénée, ou quelque autre policier, prêtait ce propos : « Surtout que Picquart n’avoue jamais ! » Pellieux le laissa dans l’ignorance des charges accumulées contre lui par Henry et Lauth ; il lui dit seulement que des officiers du bureau l’avaient surpris communiquant à Leblois le dossier secret de Dreyfus. Picquart se fit alors autoriser à demander à l’avocat à quelles dates, en 1896, il avait quitté Paris et y était rentré. Pellieux y consentit et sut ainsi que Leblois avait été absent du 5 août au 7 novembre, ce qui détruisait toute l’accusation d’Henry. — Enfin, Esterhazy, quand il fut confronté avec Mme de Boulancy, l’invectiva et la supplia tour à tour. Il était allé plusieurs fois chez elle[5], pour la conjurer de ne pas livrer d’autres correspondances

  1. Mémoires de Scheurer.
  2. 28 novembre 1897.
  3. 30 novembre.
  4. Cass., I, 203, Picquart.
  5. Procès Zola, I, 510, Mme de Boulancy.