dant quinze ans ; son cœur de soldat est remué jusqu’au fond. Il somme Billot de s’associer à ses propres paroles :
Je demande qu’il parle, afin que nous ne soyons pas réduits à voir le chef de l’État-Major général de l’armée obligé de sortir de sa réserve militaire pour faire afficher à la porte du lieu de vos séances, un démenti contre ceux qui l’accusent de pactiser avec des hommes accusés de trahison.
Comment ! cette lettre vient d’être affichée à votre porte, et M. le ministre de la Guerre n’est pas ici, lui qui peut parler à la tribune, pour venger l’armée outragée !
Ce n’est pas possible ! il faut qu’il parle !
Méline, très pâle, obéit : il va faire chercher le ministre de la Guerre.
Millevoye écrivit le lendemain :
On a vu le démenti formel donné par le général de Boisdeffre aux accusations du Syndicat Dreyfus. C’est la Patrie, qui, en signalant la manœuvre, a permis au chef de l’État-Major général de la dévoiler à temps[1].
XVI
Dès la reprise de la séance, Billot s’élança à la tribune, comme à l’assaut, très rouge, d’un pas martial, pour capituler :
« Dreyfus a été jugé, bien jugé, et condamné à l’una-
- ↑ Patrie (antidatée) du 6 décembre 1897. — Humbert osa écrire : « Non seulement les estafiers dreyfusards disaient avoir la dépêche, mais ils en publiaient le texte intégral dans leurs journaux. » (Éclair du 12 février 1898.)