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L’ENQUÊTE DE PELLIEUX


L’affaire est si simple ; une seule question : le bordereau. L’opinion publique n’accepterait pas que, dans l’instruction qui va s’ouvrir, le bordereau ne fût pas expertisé. « Au contraire, s’il est procédé à une expertise loyale, nous sommes rassurés et je suis bien tranquille. » (Nouveaux murmures.)

Mais il s’arrête, ne voulant pas préjuger des résultats de l’instruction :

C’est une réserve qui m’est imposée ; mais je me demande, Monsieur le Ministre, si vous en avez fait autant (Vives protestations à droite et au centre), en affirmant que Dreyfus est coupable. (Nouvelles protestations.)

N’avez-vous donc pas mesuré de quelle gravité pouvait être une pareille intervention au moment où l’affaire actuelle est à l’instruction ?… Non, il n’est pas exact de prétendre qu’il n’y a pas connexité entre l’affaire actuelle et une affaire Dreyfus qui, selon vous, n’existe pas encore. La vérité est que les deux affaires sont tellement liées l’une à l’autre que de la solution de l’une dépend celle de l’autre.

Il écarte enfin, en quelques sobres paroles, la plus cruelle des accusations qui ont été portées contre ses amis et contre lui-même :

Ai-je besoin de déclarer publiquement que le respect, le dévouement passionné pour l’armée, ne peut être gravé plus profondément dans aucun cœur que dans celui de l’homme qui est, ici, le dernier député de l’Alsace fran-

    en obtenant une condamnation contradictoire contre Esterhazy, provoquer la contradiction des décisions qui, une fois établie, entraîne le droit de revision. On pouvait aussi, en apportant un fait nouveau,… etc. » (Cass., 31 mars 1898, Manau.)