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L’ACQUITTEMENT D’ESTERHAZY


avec Esterhazy qui, déjà, connaissait l’incident et réclama la comparution des employés. « La Compagnie, sans doute, leur a imposé le secret, sous menace de révocation immédiate ; l’affaire est très grave[1]. » L’allégation parut stupide à Ravary lui-même. Esterhazy menaça de commencer une campagne de presse s’il n’était fait droit à sa requête[2]. On capitula encore : Du Paty lui écrivit[3] :

Oui, faites passer un article dans ce sens, mais sans insister. On citera les employés de la gare et le télégraphiste.

En effet, le lendemain, le Petit Journal publia la sensationnelle révélation et la presse s’émut des contenus terrifiants de ma serviette et de cette preuve nouvelle que je suis un faussaire. Les employés du chemin de fer furent appelés à déposer[4].

Pourtant, Ravary se garda de me citer ; mais j’allai de moi-même le trouver et je lui remis ma serviette et son contenu, qui fut, par lui et par le greffier, reconnu conforme à la description qu’en avaient faite les employés[5]. Dans la petite chambre du Cherche-Midi, lourdement chauffée, où il tenait ses assises. Ravary, obsé-

  1. Lettre de Tézenas (du 10 décembre 1897) à Ravary. (Cass., II, 229.)
  2. « Le général Billot ne veut pas de cette audition gênante pour son ami Reinach ; mais mon droit est absolu. » (Dép. à Londres.)
  3. 14 décembre.
  4. Instr. Ravary, 15 et 16 décembre. Dupré, Vandembossche, Royne (Cass., II, 299 à 303). Les autres employés déclarèrent n’avoir aucun souvenir précis. Ravary avait rendu une ordonnance prescrivant de saisir ma serviette (qui m’avait été rendue le soir même).
  5. 18 décembre.