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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


opération, se sont jetés à l’eau, d’où ils sont sortis un peu plus loin avec leur précieux papier, mouillé, mais intact : Bertillon l’a photographié, à la lumière oxhydrique, à deux heures du matin[1]. — Plus tard, il aura été pris à la faveur d’un incendie par Esterhazy lui-même et des agents déguisés en pompiers[2]. — Nul autre qu’un officier d’État-Major na pu fournir les notes du bordereau : l’un de ces documents est relatif à la mobilisation « de tous les corps d’armée » ; tout le fruit des travaux de Boisdeffre fut ainsi perdu ; il proposa des mesures de précaution qui ne furent pas admises, crainte d’inquiéter ou d’irriter l’Allemagne : on se contenta de refaire les plans ; la dépense dépassa un million[3]. Dreyfus a été condamné sur quatorze chefs d’information[4] ; il a livré des renseignements d’une importance capitale : sur le canon Deport, sur les expériences de Puteaux, sur les fusils Lebel[5]. — Les fuites ont cessé dès l’arrestation du juif[6]. (Aucun argument plus décisif). — Dreyfus a été photographié à Bruxelles en compagnie de l’attaché allemand, Schmettau[7] ; la photographie existe. — œuvre de Guénée[8].

Le lendemain du jour où l’arrestation du traître fut rendue publique par le Journal de Drumont, Mertian (dit de Muller), avocat à Lille, ayant été introduit, à Postdam, dans la chambre à coucher de l’Empereur

  1. Écho de Paris du 18 novembre 1897.
  2. Soir et Gaulois du 3 janvier 1899.
  3. Écho de Paris du 18 novembre 1897.
  4. Soir du 2 décembre.
  5. Écho du 18 novembre.
  6. Ibid. — Éclair, Libre Parole. Intransigeant, etc.
  7. Écho du 23 novembre.
  8. Rennes, III, 356. Mayet : « Guénée me dit : Nous possédons au ministère de la Guerre une photographie instantanée… etc. » — Ce genre de faux photographiques était pratiqué, depuis longtemps, par des entrepreneurs de publications obscènes.