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LA DÉCLARATION DE BULOW


aux socialistes, Méline se vit refuser[1] le renvoi de l’interpellation de Cavaignac à un mois ; il obtint seulement[2] qu’elle serait inscrite après les autres interpellations, pour être discutée dans cinq jours.

Gonse profita de ce délai pour corser encore le dossier. Le capitaine Bernard déposa qu’il avait entendu Dreyfus parler à Lebrun-Renaud de « documents[3] » ; le capitaine Anthoine, que le capitaine d’Attel lui avait raconté avoir entendu Dreyfus dire à Lebrun-Renaud, avant la parade : « Pour ce que j’ai livré, cela n’en valait pas la peine ; si on m’avait laissé faire, j’aurais eu davantage en échange. » Le commandant de Mitry, à qui la leçon avait été mal faite, plaça les aveux après la dégradation[4]. Un peu plus tard, le colonel Guérin fut invité à consigner par écrit ses souvenirs sur la journée de la dégradation, notamment sa conversation avec Lebrun-Renaud et D’Attel[5].

Lebrun-Renaud, dans sa déclaration, n’avait point mentionné que d’Attel fût entré dans la chambre où il gardait Dreyfus ; il ne l’avait pas nommé. D’Attel, en effet, n’avait parlé des aveux que par ouï-dire. D’ailleurs, il n’était plus là pour rectifier. L’an passé, on l’avait trouvé mort, de la rupture d’un anévrisme, dans un wagon de chemin de fer[6].

On insinua, plus tard, que je l’avais fait assassiner.

  1. Par 248 voix contre 193.
  2. Par 282 voix contre 228.
  3. 19 janvier 1898. « J’ai entendu ces mots : « J’ai donné ou « J’ai livré des documents. » Mais je ne puis affirmer que les termes que j’emploie sont ceux qui ont été prononcés, saut pour le mot documents. » (Cass., II, 133, Bernard.)
  4. 20 janvier 1898. (Cass., II. 133. Anthoine, Mitry.)
  5. 14 février 1898.
  6. Voir t. I, 627 et suiv.