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LE PROCÈS ZOLA


mille et à la mémoire d’un mort[1] » ; et, comme Labori renonça à l’interroger sur autre chose, il salua la Cour et le jury, pivota et se retira au milieu des sarcasmes et des huées.

X

Il n’entrait pas ce jour-là dans le plan d’Henry de faire un coup d’éclat, seulement de paraître le moins longtemps possible à la barre. Il n’avait point de goût pour la justice civile ; surtout, il redoutait les questions des avocats qui font du témoin une espèce d’accusé.

Ce matin même, tous les témoins militaires lisaient ostensiblement un article de Rochefort où la comparution des officiers était, de nouveau, traitée d’infamie : « Le Billot dont l’armée rougit est le prisonnier du Syndicat… Il n’y a vraiment pas besoin d’aller à l’île du Diable pour rencontrer des traîtres ; il suffit de passer devant le banc des ministres[2]. » Il avait raconté, la veille, que Billot avait reçu trente mille francs des juifs ; c’était moi qui les lui avais portés[3].

De même, Drumont : « Le Syndicat a insisté pour qu’on entende les officiers, et, comme on n’a rien à lui refuser, on a entendu les officiers… Jamais Byzance n’a vu cela[4]. »

  1. La comtesse Blanche de Comminges et le capitaine de Comminges opposèrent aux mêmes questions le même refus de répondre. (Procès Zola, II, 215, 510.)
  2. Intransigeant du 10 février 1898.
  3. Conversation de Rochefort avec Barbey, du 9 février, dans le Siècle du 10.
  4. Libre Parole du 10.