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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


rédigée en août » et que, dès lors, le bordereau était d’août », Labori releva l’insolente pétition de principe : Pourquoi dans l’acte d’accusation de d’Ormescheville, — et il lut le passage, — Dreyfus était-il accusé de s’être procuré la note que le caporal Bernolin avait copiée en février ? Gonse, penaud, balbutia : « Il y a eu une note au mois d’août ; je ne sais pas sil y a eu une note en février… Je n’ai rien à dire ; je maintiens tout ce que j’ai dit. » Mais Labori s’arrêta là, comme s’il eût craint de s’engager sur cette nouvelle terre inconnue.

Il posa encore quelques questions à Picquart et aux deux généraux, mais sur d’autres points. Picquart refusa de dire s’il avait été ou non délégué par Mercier pour assister au procès de Dreyfus. Gonse se taisant et Pellieux ayant décliné d’autoriser Picquart à répondre, le fait parut acquis. On discuta, ensuite, sur l’importance des notes du bordereau ; Gonse déclara que, « certainement, il y avait autre chose dans les notes que des balivernes », et que l’auteur du bordereau était un stagiaire. Picquart, avec beaucoup de mesure, réfuta ces assertions[1].

On suspendit l’audience. Le procès était presque terminé. Il ne restait plus à entendre que quelques témoins attardés et Esterhazy.

IX

L’excitation parmi les témoins militaires et les officiers qui leur faisaient escorte était extrême. Ainsi Picquart levait publiquement le drapeau de la révolte. À

  1. Procès Zola, II, 111, Picquart, Pellieux : 112, Gonse.