Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 3.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
489
MORT DE LEMERCIER-PICARD


enfin, de n’avoir pas eu le courage de paraître aux assises et d’y parler, hautement, au nom de l’armée. Ce que Pellieux et Boisdeffre avaient dit au jury, Billot l’aurait dû déclarer lui-même.

Cette vérité vraie, les faux d’Henry, les mensonges de Lebrun-Renaud, Cavaignac y a cru absolument. Les produire au grand jour a été toute sa politique. Nul autre moyen, selon lui, de confondre les ennemis de l’armée. « On fait sept fois le tour des murailles en sonnant les trompettes de Jéricho et l’on espère qu’au septième tour les murailles tomberont… Nous ne voulons pas qu’elles tombent. »

On entendit encore deux radicaux, Chapuis et Chenavaz, rappeler à Méline son engagement « de poursuivre les agents d’une campagne odieuse ». « même ceux de ses amis qui étaient parmi les meneurs ». Puis, par plus de quatre cents voix[1], la Chambre vota l’ordre du jour de confiance.

Restait l’interpellation, ajournée à cette date[2], « sur les relations de Billot avec la famille Dreyfus ».

Ernest Roche donna lecture de l’aveu de Martinie.

Le centre eût voulu que Billot ne répondît pas ; mais Billot préféra se parjurer une fois de plus et, à son ordinaire, sur un ton solennel et bouffon. Il ne parlait plus de lui-même qu’à la troisième personne : « Le ministre de la Guerre, chef de l’armée, manquerait à sa dignité s’il s’abaissait à démentir de nouveau et à réfuter les insinuations infâmes qu’on vient de porter à cette tribune. »

Il ajouta, — ce qui était vrai, — qu’il n’était ni le pri-

  1. Par 421 voix contre 40, celles des socialistes, adversaires ou partisans de la Revision. Presque tous les radicaux, avec Cavaignac, votèrent pour le gouvernement. Bourgeois s’abstint, ainsi que Lockroy.
  2. Voir p. 388.