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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


sonnier de Scheurer ni le mien ; « qu’il oserait toucher à M. Picquart » ; et, encore, au milieu des applaudissements[1], que « soldat républicain, né dans une famille chrétienne, il n’était ni franc-maçon, ni jésuite, ni juif, ni athée, et marchait droit devant lui[2] ».

Les Jésuites, cette fois, crurent tenir la France. L’ombre du Sacré-Cœur de Montmartre était sur elle.

Un tel orgueil leur vint de cette victoire que ces grands dissimulateurs, les plus profonds des politiques, ne surent pas s’en taire. Le manifeste de la Civiltà catolica[3] est de cette date. Ils y crièrent au monde que la France de Voltaire, de l’Encyclopédie, était morte, qu’une nouvelle Espagne la remplaçait, née, au milieu des clameurs de haine et des cris de mort, sur les ruines de la Révolution, et que ce renouveau du moyen Age. c’était leur œuvre.

III

Les vengeances promises furent exécutées dès le lendemain[4].

  1. Applaudissements vifs et répétés au centre, à droite et sur plusieurs bancs à gauche.
  2. L’ordre du jour pur et simple fut voté par 428 voix contre 54. Celui d’Ernest Roche, qui était signé également de Cluseret, Castelin, Clovis Hugues, etc., était ainsi conçu : « La Chambre invite le Gouvernement à réprimer avec énergie l’odieuse campagne entreprise par un syndicat cosmopolite, subventionné par l’argent étranger, pour réhabiliter le traître Dreyfus condamné à l’unanimité par le témoignage de vingt-sept officiers français et qui a avoué son crime. »
  3. Voir p. 23.
  4. La note officielle était ainsi conçue ; « À la suite des débats du procès Zola, le ministre de la Guerre a pris les mesures disciplinaires annoncées, à la tribune, par le président du Conseil… »