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MORT DE LEMERCIER-PICARD

Drumont invita encore le grand chancelier de la Légion d’honneur à rayer Zola des contrôles de l’Ordre ; mais Zola avait refusé de suivre l’avis de Duclaux qui eût voulu que le condamné acceptât l’arrêt, se constituât prisonnier[1]. Bien que la poésie de cette solution scientifique ne lui échappât point, il s’était pourvu en Cassation[2]. Davoust, comme Drumont, fut contraint d’attendre.

C’est ce que Méline appelait « liquider l’Affaire ».

IV

Une autre liquidation s’opéra dans l’ombre, dans un mystère qui n’a pas encore été entièrement pénétré : celle de Lemercier-Picard.

On a vu que ce faussaire ordinaire d’Henry, qui détenait quelques-uns de ses secrets, avait entrepris d’en trafiquer et me les avait offerts, puis à Zola et, en dernier lieu, à Séverine. Il avait manqué au premier rendez-vous qu’elle lui avait fixé, alléguant qu’il avait dû s’absenter de Paris. Elle lui en donna un second, auquel il ne parut pas davantage.

Trois jours après (c’était le lendemain de la condamnation de Zola, Lemercier-Picard écrivit de nouveau à Séverine : « Toujours traqué », il n’a pu réussir à la rejoindre ; il faut cependant qu’il la voie, mais ailleurs qu’au journal ou chez elle ; il lui envoyait, en même temps, une lettre à l’adresse de Rochefort, en la priant

  1. Mémoires de Scheurer.
  2. Il signa son pourvoi le 26 février 1898.