politiques, où ils ne firent entrer que des militants, prêts à tout, et entièrement à eux. Quelques-uns de ces comités étaient composés de femmes, dames quêteuses et propagandistes, véritables amazones de la Foi[1] ; tous étaient ouvertement reliés à un organisme central dont la création avait été décidée dans un congrès général des Croix, « l’Œuvre électorale catholique », et qui prit, un peu plus tard, le nom de comité « Justice-Égalité[2] ». L’œuvre se proposait d’intervenir « directement dans toutes les élections, municipales, cantonales, législatives, présidentielles[3] » et « de triompher ainsi des mécréants, comme les Croisés du Moyen Age triomphèrent des Musulmans[4] ». Le père Bailly fut préposé spécialement à la direction de la presse, le père Adéodat à celle des comités. Quatre cents moines, un millier de frères et de novices, et plusieurs milliers de Chevaliers de la Croix[5] opéraient sous leurs ordres. Les uns, employés aux journaux, racontaient, défiguraient les faits du jour, les commentaient dans un style poissard, sous l’image du Crucifié qui servait d’enseigne à leur feuille. Les autres, courant les villages, les quartiers populeux, « étudiaient les électeurs » qu’ils « clas-
- ↑ Lettre du P. Dalegon : Rapport de Laya, secrétaire du P. Adéodat, etc. — » Les femmes françaises, soucieuses de conserver à leur patrie la religion, qui fait sa grandeur et sa force. En premier lieu, se présente leur dévouement à l’œuvre électorale… Elles aideront à démasquer les francs-maçons et les juifs, évitant d’encourager leur commerce au détriment des commerçants catholiques… Elles useront de leur influence dans les salons. » (Statuts du Comité Jeanne d’Arc.) — De même l’Association de Notre Dame du Salut, la Ligue de l’Ave Maria, etc. — Procès, 66, 67, exposé du procureur de la République Bulot.
- ↑ Procès, 7.
- ↑ Rapport Laya (Procès, 51).
- ↑ La Croix (brochure), 26.
- ↑ Procès. 83. — La Croix, 35 et suiv.