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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


d’une accusation de détournements, pour éviter de passer devant un conseil de guerre. Était-il l’auteur des malversations qui lui furent imputées, dans de menues affaires de fournitures, ou était-ce un sous-ordre dont la femme passait pour sa maîtresse ? Dès que cette femme fût arrêtée, il se livra, remboursa la somme qui manquait. « Nulle plainte juridique n’avait été déposée contre lui[1]. »

Il ressort des témoignages contemporains les plus hostiles que François Zola, s’il se punit lui-même « d’une heure de folie[2] », ou d’une complaisance coupable, protesta vivement de son innocence[3].

Il se trouva un vieillard de quatre-vingts ans, le général de Loverdo, pour déterrer cette faute de jeunesse dans ses souvenirs. Étant enfant, il en avait entendu parler par son père, le premier général de Loverdo, qui avait reçu chez lui, dans une amicale intimité, l’officier démissionnaire[4]. Surtout, il savait la vie si belle de

  1. Lettre du duc de Rovigo, gouverneur général de l’Algérie, au maréchal Soult, ministre de la Guerre, d’Alger, le 17 septembre 1832 ; lettre du général Trézel au ministre, d’Alger, le 15 juillet 1832. — Récit analogue dans la lettre du colonel Combe, chef de la légion étrangère, au général Buchet, 12 juillet 1832. Ces lettres, ainsi que la lettre de démission de François Zola, du 3 juillet 1832, furent successivement versées à l’instruction Flory. (Affaire Zola contre Judet). Elles furent plus tard communiquées à Zola, par ordre du général de Galliffet. La lettre du duc de Rovigo a été reproduite par Zola dans son volume, La Vérité en marche (264 et suiv.) ; celles de Combe et de Trézel par Jacques Dhur (Le Père d’Émile Zola, 14, 15, 197.) — La somme détournée se montait à 4.000 francs.
  2. La Vérité en marche, 287.
  3. Lettre du colonel Combe. — Voir p. 606.
  4. Petit Journal du 25 mai 1898, conversation avec le général de Loverdo : « Zola continua, durant quatre ou cinq mois, son métier de pique-assiette : il était attiré chez nous par Mme …, etc. » — À l’instruction Flory (19 août 1898), Loverdo dépose que son père intervint en faveur de Zola. Il n’existe, au ministère de la Guerre, aucune trace de cette intervention.