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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/308

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

n’aurait pas attaché grande importance à ce papier ; il y avait vu des signes, des groupes, auxquels, « n’étant pas cryptographe », il n’entendait rien, et il aurait remarqué seulement que « Du Paty s’intéressait à savoir si un mot se trouvait deux fois répété dans la dépêche[1] ». — Ainsi, il lui aurait échappé que Du Paty, après Cuignet, arguait de faux le décalque officiel, et insinuait, en outre, que le faux se compliquait probablement d’un meurtre : en effet, le commandant Munier, que Sandherr avait chargé, en 1894, de vérifier la traduction du télégramme et qui aurait conclu à un texte défavorable à Dreyfus, « a été trouvé mort dans un train[2] ». — Le texte falsifié était reproduit à la première page de la note[3], les déductions exposées à la deuxième page et à la troisième. — D’autre part, Chamoin ne pouvait s’y tromper. Il s’était convaincu, lors de l’enquête des Chambres réunies, « non seulement de l’authenticité du décalque », mais aussi de l’exactitude de la traduction officielle, et sa conscience, le respect de sa propre signature au bas du procès-verbal qu’il avait dressé, devant Mazeau, avec Paléologue[4], enfin les ordres formels de Galliffet lui faisaient un devoir d’affirmer devant le conseil que la version du ministère des Affaires étrangères était bonne et sincère. Il décida, en conséquence, de ne tenir aucun compte de la note de Mercier.

  1. Rennes, II, 226, Mercier.
  2. Ibid. II, 227, 228. — Voir t. 1, 246, 277, 358 ; III, 600, et 647, etc.
  3. Version n° 1 (selon Du Paty) : « Arrestato capitano Dreyfus ; ministro della guerra trovato relazione (ou prova) segreta offerta Germania… etc. » Or, la première ébauche cryptographique porte : « Arrestato capitano Dreyfus che non avuto relazione con Germania… » — Voir t. Ier, 246.
  4. Voir p. 72.