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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


tenir, que « ce canaille de D… », c’est Dreyfus[1]. — Il a su, le jour même, par Picquart et par Sandherr, que le dossier secret a été ouvert en chambre du conseil et dépouillé par les juges[2] ; et il jure ne l’avoir su que cinq ans plus tard, après la séance de la Chambre où Dupuy a proposé de le mettre en accusation : alors seulement, il a cherché à se renseigner[3]. — Si Casimir-Perier n’a point permis à Lebrun-Renaud de lui faire part des aveux de Dreyfus, c’est « qu’il était encore sous l’émotion » de son entretien avec Munster, qui n’eut lieu que plusieurs heures après, et « hypnotisé par les menaces d’une guerre imminente[4] ». — « La marque de fabrique du bordereau », c’est cette phrase sur les troupes de couverture : « Quelques modifications seront apportées par le nouveau plan » (de mobilisation), phrase qui se trouve dans la circulaire du 15 octobre 1894 aux commandants de corps d’armée ; les Allemands ont donc été avertis « six semaines auparavant[5] ». Or, la circulaire ne contient pas la phrase du bordereau, mais

  1. Rennes, I, 82, Mercier : « On a dit que le sans-gêne avec lequel la personne dont il s’agit était traitée ne pouvait pas s’appliquer à un personnage aussi utile pour les Allemands que l’était un officier de l’État-Major général… Or, il est évident que plus la position d’un agent de trahison est élevée, plus ceux qui s’en servent doivent avoir de mépris pour lui… Ils l’avaient entièrement à leur discrétion… etc. »
  2. Voir t. Ier, 412 et 451.
  3. Rennes, I, 99, Mercier : « Ce n’est qu’alors que je me suis cru le droit d’aller trouver le colonel Maurel et de me renseigner sur ce qui s’était fait au conseil de guerre ; je ne l’ai su qu’à ce moment. »
  4. Rennes, I, 103, Mercier. — Compte rendu sténographique : « M. Casimir-Perier proteste et se lève à demi pour demander la parole. » Mercier, dans son compte rendu revisé, supprime cette parenthèse comme les précédentes.
  5. Rennes, I, 128, Mercier : « C’est seulement à cette date du 17 octobre que les commandants de corps d’armée en reçurent l’avis… etc. »