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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


parce qu’on est accoutumé à proportionner les crimes au dommage ; — l’assassin toujours introuvable, ce qui ajoutait au mystère ; — et la persistance des accusations contre Mercier, — quand on savait maintenant qu’aucun papier n’avait été volé, — firent l’opération possible. Dès que l’avocat aura fait sa rentrée au conseil de guerre, Drumont lancera son nouveau roman : le « pseudo attentat », « le pseudo-meurtrier », le « coup machiné en vue d’un effet de théâtre[1] » ; les Pères Assomptionnistes en feront une ignoble chanson[2], et les deux versions (le « faux assassiné » et Mercier assassin) se partageront l’opinion des agités et des badauds jusqu’à ce que Labori lui-même en laissera accréditer une troisième, sur « l’attitude plus qu’étrange de la police » dont « quelques louches auxiliaires auraient joué un rôle dans le crime[3] ».

L’invraisemblance des légendes, surtout quand elles servent les haines des partis, n’a jamais arrêté que les esprits critiques et de bonne foi. Il y avait une grande

    qu’il pourra être debout lundi. » — Note du 16 août 1899, remise au conseil de guerre : « Les médecins soussignés estiment qu’il n’est pas impossible que Me Labori soit en état de reparaître à l’audience le lundi 21 août prochain. » (Rennes, I, 228.) — Bulletin du 19 avec l’analyse radiographique.

  1. Libre Parole, du 23 août. — Articles analogues dans la Patrie et l’Intransigeant. — « Des manœuvres aussi grossières que l’attentat Labori. » (Maurras, Revue des machinations dreyfusiennes, dans l’Action française du 1er janvier 1901.)
  2. Croix du 26 : la Chanson de l’assassiné bien portant.
  3. La Libre Parole du 11 décembre 1901 publia une conversation qu’un de ses rédacteurs aurait eue avec un ami intime de Labori : « Il croyait, il croit encore qu’une grosse partie a été jouée sur sa peau. — Qui l’aurait jouée ? — Le ministère Waldeck. — Cela peut-il être dit ? — Labori l’a déclaré vingt fois devant vingt personnes différentes, il n’est pas homme à renier ses propos. » Labori, dans le Journal du lendemain, répondit : « Je n’ai jamais tenu ces propos. Je les ai entendu tenir devant moi ;