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RENNES


comme Henry avait coutume de faire en pareille circonstance, rapporta à Galliffet qu’il n’avait trouvé aucun procès-verbal d’une conversation de Cernuski avec Brücker.

Schœnebeck[1] était un lieutenant de dragons bavarois qui avait pris sa retraite en 1893, avait été arrêté à Paris en 1894, à l’époque du premier procès de Dreyfus, condamné alors pour espionnage à cinq ans de prison[2], interné à Clairvaux, où Lauth négocia avec lui, pour l’enrôler au service français, enfin gracié en 1897, sur l’intervention du bureau des renseignements, c’est-à-dire d’Henry ; — bien que Cernuski fît de ce petit lieutenant douteux un commandant à l’État-Major, on était encore loin de l’officier d’ordonnance de l’Empereur qu’il avait annoncé. — Le conseiller aulique Mosetig était un parent éloigné de l’espion qui venait d’être arrêté à Vienne, mais chirurgien et professeur, n’ayant jamais dirigé de section « au ministère des Affaires étrangères d’une puissance de l’Europe centrale ». — Le serbe Adamowitch, sans profession connue, s’était rencontré l’année d’avant à Monaco avec Przyborowski ; celui-ci

    Mosetig au capitaine Mareschal et je crois que cela a pu lui donner l’idée de le mêler au témoignage de Cernuski ; j’en suis même certain. »

  1. Maximilien-Joseph von Schœnebeck-Winibaldus.
  2. Tribunal correctionnel de la Seine, jugement du 21 décembre 1894 ; en appel (18 février 1895), la peine fut réduite à quatre ans. — Schœnebeck avait été arrêté à l’hôtel Terminus, en compagnie d’un autre Allemand, von Kessel, qui fut relâché faute de preuves. — La Libre Parole essaya d’établir un lien entre l’affaire Schœnebeck et l’affaire Dreyfus (16 novembre 1894, etc.). — Esterhazy, dans une de ses conversations avec Serge Basset, fit allusion à Schœnebeck : « Qu’ils parlent donc (Boisdeffre et Gonse), qu’ils disent tout, qu’ils parlent du prisonnier de Clairvaux et d’Albertville : on m’entend à Paris ! » (Matin du 22 juillet 1899.)