Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/119

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L’AMNISTIE


Przyborowski, lui a conseillé de porter à un journal le récit des tentatives dont il aurait été l’objet ; « Vous pouvez, lui dit-il, en trouver 20.000 francs. (C’est la version de Przyborowski ; Mareschal repousse en bloc tous les « mensonges » de son ancien agent.) Je vous indiquerai le journal. Seulement vous ne direz jamais à personne que je vous ai donné ce conseil ». Przyborowski refuse ; le ministère lui doit 6.000 francs, il ne réclame que son dû : « Eh bien, allez les demander vous-même au marquis de Galliffet. » Mareschal lui aurait dit encore que, s’il réussissait à se procurer les lettres de Mathilde à Tomps, « même par le vol », il aurait 1.000 francs[1].

« Le marquis de Galliffet » n’ayant pas donné les 6.000 francs, Przyborowski demanda un nouveau rendez-vous à Mareschal, le chercha, plusieurs fois dans la même journée (19 mai), au ministère de la Guerre. Le concierge, qui avait son signalement, lui remit une lettre en allemand : « Venez à cinq heures ». Przyborowski étant revenu, trouva dans la loge un gros homme d’environ quarante-cinq ans, d’aspect commun, avec de fortes moustaches noires, qui, sans se nommer, le mena dans un café voisin, où le Polonais lui fit ses doléances ; l’homme, qui semblait déjà informé, le ramena alors au ministère, le fit entrer dans une pièce où se trouvait Fritsch que Przyborowski prit pour François, et « qui parut très mécontent qu’on l’eût amené devant lui », bien que ce fût par son ordre. L’inconnu, qui n’était autre que Brücker, repartit aussitôt avec Przyborowski et le conduisit, selon la consigne que lui avait donnée Fritsch, jusqu’à la place de la Madeleine où ils entrèrent dans un café. Quelques instants après,

  1. Enquête Atthalin, 23 mars, 1er juin 1904, Przyborowski.