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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


contester que Waldeck-Rousseau l’ennoblissait. Il en faisait quelque chose de très émouvant, un peu d’elle-même que la Justice offrait en sacrifice à la République.

Sauf sur les questions de détail, il l’emporta sur toute la ligne : rejet du projet de résolution de la Commission, c’est-à-dire de l’amnistie plénière, rejet, au vote sur l’ensemble, de l’amendement Vazeille. Il accepta, par contre, la fusion des deux lois, la substitution du mot d’amnistie à la formule de l’extinction des actions pénales, et, pour en finir, pour s’assurer les voix de l’extrême gauche, l’amnistie pour Sébastien Faure et les anarchistes qui avaient pillé l’église Saint-Joseph.

La dernière séance dura plus de douze heures consécutives. La droite, n’ayant plus de ressources que dans l’obstruction, multipliait les amendements, réclamait sur chacun le scrutin public à la tribune auquel ne prennent part que les députés présents. Enfin, dans la nuit du 18 au 19, vers deux heures du matin, l’ensemble de la loi fut adopté par 155 voix contre 2, Guieysse et Vazeille.

XXII

Comme la Chambre avait réuni en un seul texte et modifié les deux projets d’amnistie, il fallut retourner devant le Sénat.

La rentrée en scène de Cuignet, son refus de répondre aux questions du général André, son envoi au mont Valérien, rouvrirent quelques polémiques. Le « bordereau annoté » reparut. Les Assomptionnistes, au lendemain de Rennes et de la grâce, en avaient déjà reparlé[1], comme de la preuve décisive contre Dreyfus ; Mercier ne l’avait pas produite « par crainte

  1. Croix du 21 septembre 1899.