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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


condamnation, dit-il, a été le produit du faux et du mensonge[1]. ».

Vallé, saisi à la fois par André et par Dreyfus, procéda lui-même à l’examen des dossiers. Il en retint comme faits nouveaux, dans le sens de la loi, les deux lettres de Panizzardi, celle où l’initiale de Dreyfus avait été substituée à l’initiale P… et la pièce dite « des chemins de fer ». L’avis de la Commission consultative ayant été à l’unanimité qu’il y avait lieu à revision[2], Vallé chargea aussitôt le Procureur général de déférer le jugement de Rennes à la Cour de cassation (25 décembre 1903.)

Il y avait neuf ans et trois jours que Dreyfus avait été condamné pour la première fois.

Tout cela fut connu au jour le jour, au milieu du plus grand calme de l’opinion. Cette mer orageuse, cette féroce Adriatique qu’elle avait été lors de la première revision s’était apaisée en un lac tranquille. Nul trouble, nulle émotion. À peine quelques injures des antisémites, de Rochefort et de Drumont, sans conviction et sans élan, quelques lamentations de Coppée et d’Arthur Meyer. Maurras lui-même, qui avait tenu devant les aveux d’Henry et rallié les troupes en déroute, parut désemparé, conseilla seulement « de lire avec sang-froid et critique les journaux ennemis ». Congy, député de Paris, qui avait annoncé une interpellation, y renonça.

Combes, en tenant sa promesse que l’Affaire resterait sur le terrain judiciaire, avait désarmé le Centre

  1. 26 novembre 1903 (Cass., IV, 448 et suiv.)
  2. 24 décembre. — La Commission, pour l’année 1903, était composée des conseillers Durand, Alphandéry et Marignan, et des directeurs Mercier, qui fut chargé du rapport, Geoffroy et Dupré.