sitions des témoins militaires diffèrent fort, celle de Cuignet exceptée, de leurs témoignages antérieurs. Cuignet, lui, est resté le même, ou plutôt il s’est enragé davantage encore dans l’adversité, intarissable, — pendant dix heures d’horloge, presque un dixième de toute l’enquête[1], — infaillible, accusant, avec le même air et sur le même ton furieux, les conseillers et le procureur général « d’avoir peur » de la vérité qu’il détient, la Chambre criminelle de 1899 d’avoir commis une forfaiture, livré à Tornielli sa déposition sur la dépêche de Panizzardi, Delcassé et l’Administration des postes d’avoir altéré le texte de la dépêche[2], les ambassadeurs de mentir, et, encore, André ou Targe d’avoir falsifié les pièces du dossier, celles qui sont présentées comme des faits nouveaux, les faux d’Henry[3]. — Baudouin, exaspéré par tant de folie ou de mauvaise foi, finit par lui dire que, s’il était ministre de la Guerre, il y
- ↑ Revision, II, 208, Baudouin.
- ↑ De même Du Paty : « Le texte a été falsifié au ministère des Affaires étrangères pour en substituer un autre… Le premier texte ne donnerait peut-être pas une preuve de culpabilité, mais le texte du second écarte complètement Dreyfus. » (11 juin 1904.)
- ↑ Selon Cuignet, l’annotation « 28 mars 1895 », inscrite sur la pièce dite du télémètre (Voir p. 257), ne serait pas de la main d’Henry. — Le 2 juillet 1904, il écrit à Lasies pour dénoncer « les falsifications dont le dossier secret a été l’objet depuis qu’il avait été entre ses mains ». (Chambre des députés, séance du 5 juillet 1904.) Il fallut qu’André, par arrêté du 10 juillet 1904, chargeât Chamoin, qui avait présenté le dossier secret à Rennes, d’en vérifier toutes les pièces. Chamoin, assisté des capitaines Hallouin et Moreau, procéda à ce travail et déclara que « toutes les pièces se présentaient dans l’état où elles se trouvaient en 1899, lors de leur production devant le conseil de guerre ». (Procès-verbal du 11 juillet 1904. — Revision, I, 581.) Autres lettres de Cuignet du 9 décembre 1904 au président du Conseil, du 1er février 1906 au ministre de la Justice, etc : « La demande en revision est basée sur le mensonge et sur le faux. »