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L’ENQUÊTE


réfugiant derrière Bertillon, il fallait être Cuignet ou Du Paty[1], fol ou convaincu, pour défier cette étrange justice qui avait maintenant la force avec elle.

On questionna mollement l’ombre de ce qu’avait été Boisdeffre, et rudement le lamentable Gonse.

Abusant de l’amnésie et de sa réputation de sottise, il niait tout, oubliait tout, jusqu’à ce que Baudoin lui mît sous les yeux son écriture qu’il regardait avec effarement avant de la reconnaître.

il y avait au dossier une feuille de quatre pages, tout entière de sa main, avec des notes écrites à des dates diverses :


Picquart est connu dans un certain monde sous le nom de « Georgette » (renseignement Guénée).

Grumbach, chef du bureau de la Sûreté générale, aurait un dossier sur Picquart, dossier concernant une affaire de mœurs. Ce dossier, s’il existe, expliquerait l’attitude de Picquart dans l’affaire Dreyfus[2].

30 avril. — Demange a dit à Cavard qu’il désapprouvait la campagne dreyfusarde.

1er  mai. — Les parents connaissant les relations de Mme Monnier avec Picquart, ceux-ci avaient averti le mari qui voulait d’abord chercher querelle à Picquart. Puis, y ayant renoncé, M. Monnier introduisit une demande en divorce. M. Monnier, très religieux, a retiré sa plainte et a repris sa femme. Tout est de savoir maintenant si les relations de Picquart avec Mme Monnier continuent. On va le savoir, mais il faut marcher avec précautions. Si les rela-

  1. « Du Paty, le seul convaincu. » (Séverine, dans le Petit bleu du 11 février 1898.) — « Je crois Cuignet de bonne foi. » (Freycinet, audience du 24 juin 1904.) Baudouin répond « qu’il le croit parfaitement de mauvaise foi ». Ailleurs : « Est-il possible de rencontrer une mauvaise foi plus absolue que celle de M. Cuignet ? » (Revision, II, 215.)
  2. Il n’y eut jamais aucun dossier de ce genre à la Sûreté générale.