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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Calquage, décalquage, recalquage ; découpage des morceaux qui ne se prêtent pas aux superpositions cherchées ; gouachage de planches : nul tripotage « plus effronté[1] ». « Bertillon emploie deux réticulages entièrement différents et passe de l’un à l’autre suivant les besoins de la cause. » « Les superpositions qu’il allègue n’ont pas d’existence réelle et ne révèlent aucun rythme kutschique » ou autre. « L’application du calcul des probabilités à ces matières n’est pas légitime » ; « les règles du calcul des probabilités n’ont pas été correctement appliquées ». Le système varie constamment, ce qui permet à Bertillon et à ses disciples de prolonger indéfiniment la discussion, tels ces inventeurs de la quadrature du cercle, du moment qu’on accepte la dispute avec eux. Certaines constatations de l’anthropométreur échappent à la discussion : « Il y a, dit-il, sur le mot intérêt deux points (à peine perceptibles) dont la distance verticale représente, à l’échelle du 80.000e, l’équidistance normale des courbes de niveau de la carte d’État-Major ; cela peut-il être dû au hasard ? » Les experts ont demandé à Bertillon de reproduire devant eux le bordereau « sur gabarit », comme il prétendait l’avoir fait à Rennes[2] : « il s’y est refusé, alléguant que la mémoire et la main lui feraient également défaut. Il n’y avait donc eu (à Rennes) qu’un exercice mnémotechnique. » On lui réclame la feuille qu’il aurait écrite sur gabarit à l’audience du conseil de guerre : « elle a disparu », impossible de la retrouver[3]. Pour le commandant Corps, il s’est servi de la reconstitution du bordereau par Bertillon, qui est fausse, et sur presque tous les points leurs systèmes sont en

  1. Revision, I, 536, Baudouin.
  2. Voir t. V, 437.
  3. Revision, I, 510, Baudouin.