CHAPITRE IV
LA REVISION
I
L’une des tristesses de l’histoire, c’est d’avoir, si souvent, à montrer des hommes gâtant de leurs propres mains l’œuvre qui leur faisait honneur. Ce fut le cas d’André.
Il avait voulu avec courage la Revision. Son enquête terminée, la Cour de cassation saisie, il n’avait plus qu’à laisser faire la justice, à attendre la part assez belle qu’il aurait dans la victoire maintenant certaine. Une espèce de démangeaison le prit d’opérer seul, d’écrire sans collaboration, d’avoir son affaire à lui, de faire voir quel justicier, quel procédurier il était ; sur quoi il montra, par un exemple de plus, que, militaires ou civils, l’on peut professer des opinions différentes et avoir la même mentalité. Ceux qui ont le plus réclamé contre l’injustice, dès qu’ils ont la force, ne la mettent pas seulement au service de la justice. André, contre des officiers de l’ancien État-Major, emploie des procédés de l’ancien État-Major.