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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


des faits établis, mais parce que « l’information dirigée contre Rollin, François et Mareschal avait été décidée après l’audition des généraux de Lacroix — ce qui était matériellement inexact[1] — et Delanne » ; et que « ces officiers généraux avaient, dans leurs dépositions à l’audience, modifié sensiblement, dans un sens favorable aux accusés, celles qu’ils avaient faites à l’instruction ». Il avait écrit lui-même les dix lignes de cette déclaration que Rabier se borna à lire, au début de la dernière audience, comme il en avait l’ordre[2].

Ainsi, non seulement il refusait le combat, mais il rejetait la responsabilité à la fois du procès qu’il avait voulu et de l’acquittement dont il n’avait pu douter à aucun moment, sur deux de ses subordonnés qui, à l’audience publique comme à l’instruction, avaient déposé selon leur conscience. Ce qu’ils avaient ajouté l’un et l’autre, lors de l’audience publique, venait certainement à la décharge des accusés[3], mais il avait été donné lecture de leurs déclarations antérieures et ils les avaient confirmées[4].

  1. Voir p. 370.
  2. Procès Dautriche, 691, Rabier : « Messieurs les membres du conseil, l’information dirigée contre M. le lieutenant-colonel Rollin, MM. les capitaines François et Mareschal avait été décidée après l’audition de MM. les généraux Delanne et de Lacroix. Ces officiers généraux ayant, dans leurs dépositions à l’audience, modifié sensiblement dans un sens favorable aux accusés, celles qu’ils avaient faites à l’instruction, je suis autorisé par l’autorité supérieure à abandonner l’accusation. Il est bien entendu que, dans ma pensée, la même mesure s’applique à M. Dautriche, dont la culpabilité serait liée à celle des autres officiers. »
  3. Voir p. 384.
  4. La démission d’André (15 novembre 1904) suivit de quelques jours la fin du procès Dautriche (7 novembre). Delanne et de Lacroix protestèrent alors auprès du successeur d’André contre les assertions du commissaire du gouvernement à leur endroit Delanne écrivit à Berteaux : « À l’audience, au cours de ma dé-