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LA REVISION


Combes connut l’incident par les journaux, ne cacha point sa surprise[1] dont André s’étonna. Avant, dit-il, de prononcer contre Cuignet une punition « méritée », il a voulu savoir « si cet officier supérieur avait conscience entièrement de ses actes et devait en porter la pleine responsabilité[2] ». L’eût-il fait interner si les médecins militaires, complaisants, avaient pris cet échauffé pour un fou ?

Les nationalistes (Lasies, Gauthier de Clagny), renseignés par Cuignet, portèrent l’incident devant la Chambre[3]. André, nullement troublé, expose son idée, vante sa bienveillance, raconte qu’ayant causé un jour avec Cuignet, « il n’a pas été satisfait de sa manière de raisonner ». Les radicaux et les socialistes l’appuyèrent[4] ; pourtant plusieurs parurent gênés, se refusaient à remplacer la lettre de cachet par la maison de santé.

Au moins, Vazeille protesta, dit fortement que la vérité et la justice ne se défendent point « par des moyens indignes et par la calomnie ».

On put croire qu’André contremanderait le second

    mée. (même séance.). — Clemenceau : « L’idée saugrenue s’est présentée à lui… » (Aurore du 10 juillet 1904.) Je protestai également dans le Siècle contre la décision d’André.

  1. Chambre des Députés, séance du 5 juillet 1904, discours d’André.
  2. « Le cas de Cuignet ne relève pas plus de la psycho-pathologie que celui de son ministre. » (Clemenceau, dans l’Aurore du 10 juillet 1904.)
  3. 5 juillet 1904. — Lasies donna également lecture d’une lettre particulière de Cuignet sur la prétendue falsification du dossier secret. (Voir p. 312.)
  4. « Cela vaut mieux que d’envoyer des innocents au conseil de guerre. » (Henry Bagnol.) « Mais s’il est malade ! » (Pressensé.) « Il nous embête, le commandant Cuignet ! » (Derveloy.) Interruptions analogues de Breton, Gérault-Richard, Zévaès, etc.