le mot a été dit, et parlementaires et officiers l’ont recueilli.
Depuis plusieurs années, André tenait deux registres qu’il avait intitulés « Corinthe » et « Carthage » ; il inscrivait sur l’un les noms des officiers qui lui étaient connus ou signalés par des amis sûrs comme républicains, sur l’autre les noms des officiers qu’il savait être hostiles ou qui lui étaient indiqués comme tels[1]. « Provoquer et recueillir » de toutes mains des renseignements pour allonger ces deux listes ; à défaut des chefs militaires qui, pour la plupart, « s’obstinent » à ne pas rendre compte de l’attitude résolument hostile de certains officiers ou des actes de grossière intolérance qui se produisent dans certaines garnisons, s’adresser à la Sûreté générale et aux préfets ; inviter les « parlementaires » à fournir des indications et des noms ; en demander « aux associations et aux groupements républicains », notamment à la franc-maçonnerie ; écouter les officiers qui viennent attester, soit « leurs propres sentiments », soit les sentiments de leurs subordonnés, c’était, maintenant qu’il était ministre, le seul moyen « de découvrir ceux qu’il cherchait et de reconstituer ainsi l’esprit républicain dans l’armée[2] ». Les noms ainsi ramassés sont transcrits sur des « fiches », Les préférences d’André, « à égalité de titre », porteront sur les officiers républicains ; ainsi seront-ils récompensés de leur loyauté, et leur sera-t-il tenu compte, « dans la mesure du possible », « des retards de carrière » que leur avaient valu leurs opi-